J’aime cette magnifique machine qu’est le corps humain! Il est plein de surprises. Plus j’apprend à le connaître et plus il me fascine! Un meilleur ami, une épaule sur qui compter, un allié… On peut lui attribuer beaucoup de termes. Malheureusement, le terme Bouc Émissaire en fait partie! Il a beau nous conseiller, nous guider et nous susurrer des mots doux.. Nous pouvons l’insulter, le maltraiter, le forcer et tout ça pour le bon vouloir de l’ego, la société ou l’entourage.
Aujourd’hui j’aimerais vous parler plus particulièrement du corps de la femme! Ce magnifique corps tout en courbe qui donne la vie. Ne sommes-nous pas censé vouloir le choyer?? Ne sommes-nous pas censé le trouver superbement incroyable, plutôt que de le juger selon des lois absurdes dictées par une société?? Cette recherche de la perfection, changeant selon l’époque, n’est-elle donc pas enfin terminée?? On voit le corps féminin partout à travers la publicité, les magasines et les réseaux sociaux, véhiculant une image de corps parfait (et retouché..), créant un modèle impossible à atteindre à ces jeunes filles plongées là-dedans.
J’ai appris à ramper, marcher, me nourrir, agripper puis danser et sauter, et enfin parler et interagir… mais je n’ai jamais appris à aimer mon corps. Le comprendre? L’écouter? En prendre soin? Comment pourrait-on me l’apprendre puisque personne n’a pris cet enseignement…
Aujourd’hui, je peux dire que je souris et suis incroyablement reconnaissante envers mon corps et ses capacités. Je l’ai enfin accepté, avec ces qualités et ces soi disant défauts. J’ai fait beaucoup de chemin pour en arriver là et, soyons honnête, il m’en reste encore beaucoup à parcourir… Mon Corps, Ce Bouc Émissaire…
L’ECOLE
Comme beaucoup de mères, elles aiment préparer leurs filles de manière coquette. Je ne me souviens plus du nombre de jupes et robes que je pouvais avoir dans ma garde robe. J’aimais en porter jusqu’à ce que j’apprenne que cela incluait le fait de se retrouver la jupe soulevée devant tout le monde. Apparemment, les garçons soulèvent la jupe des filles pour voir ce qu’il se cache dessous et partage ces découvertes à tous. A quoi bon les réprimander? Ce ne sont que des enfants qui s’amusent! Je ne me souviens plus le nombre de fois où cela m’est arrivé… A cet âge, je ne comprenais pas pourquoi cela amusait tout le monde. Y avait-il quelque chose d’hilarant sous ma jupe? Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai pu en pleurer, me sentant humiliée.
Au collège, je ne saurais combien de fois j’ai été touché. On me pinçait les fesses pour rigoler (bah oui! On pouvait plus soulever ma jupe! J’avais compris la leçon et seuls des pantalons restaient dans mon armoire), une fois… puis deux… puis trois…etc. Malgré toutes mes réprimandes, rien n’y faisait, au contraire, cela amusait…! Je détestais qu’on puisse s’approprier le droit de toucher ce corps qui m’appartient, ce corps qui m’est moi-même encore inconnu…
Moi qui ne faisais pas partie de la moyenne, j’ai été critiquée, jugée et comparée à mes amies… Mon corps de jeune fille déplaisait, pas assez féminin par rapport à toutes mes copines qui se transformaient peu à peu en femme… Mince, Squelettique, Fil de fer…
Et puis j’ai grandi… Je ressemblait un peu plus à une petite femme…
LES PROCHES
Une petite femme entourée de ces modèles, entourée de ces femmes féminines et de ces hommes virils, qui m’ont appris beaucoup à travers des comportements et des événements familiaux.
A l’époque, j’ai appris qu’une fille est jolie et douce, gentiment assise sur sa chaise. Apparemment courir et sauter avec les garçons dans le jardin, ce n’est pas pour les filles. Faire des grimaces… Non plus! J’enviais tellement ces garçons qui hurlaient, courraient et riaient à gorge déployée… Pourquoi ne pouvais-je donc pas faire la même chose? Je ne savais pas, mais j’avais compris la différence.
A 10 ans, j’ai appris que je devais manger si je voulais ressembler à ma cousine, magnifiquement féminine, avec ces 6 ans de plus et sa poitrine généreuse. « Il faut manger si tu veux avoir de la poitrine » au regard de tous. Les boutades et sourires ont suivis cette gentille recommandation, et je n’ai plus eu faim du déjeuner. Je ne comprenais pas qu’on puisse parler de mon intimité ainsi, à table, devant tout le monde, en insinuant qu’il me faudrait ça plus tard. Et si je n’ai jamais cette poitrine, que cela va t-il signifier?
Adolescente, je commençais à être roder sur le sujet « être une femme ». Pourtant, j’ai appris à cette époque qu’une femme drôle sera toujours ton amie pour un homme, et rien de plus. Les femmes drôles, qui aiment raconter des blagues et faire des imitations, ne sont donc pas désirables pour les hommes. J’ai appris qu’ils préféraient les femmes jolies.
FEMME JUSQU’AU BOUT DES POILS
Qui dit femme, dit épilation. Je ne le savais pas! Mes amies, les magasines et tout mon environnement m’ont appris que les poils sont répugnants! Sourcils, Demi Jambes, Aisselles , Maillot (si tu fais partie des chanceuses)..sinon Moustache, Jambes complètes… Pince à épiler, Cire, Crème épilatoire, Rasoir sans parler du Laser afin d’avoir une peau de bébé et être définitivement débarrassé d’eux!!
Après tout, on m’a appris qu’il fallait souffrir pour être belle … C’est ce qui importe quand on est une femme, non?
Apparemment, les hommes n’aiment pas les poils, enfin les femmes poilues plutôt. Cela amoindrit notre féminité et ils aiment avoir une peau douce de bébé sous les mains. Je fais partie des chanceuses, celles qui ne doivent pas passer 30 minutes dans la salle de bain par jour à chasser ces maudits poils, et pourtant ce n’était pas suffisant. Un homme, qui a partagé une période de ma vie, ne trouvait pas que cela était suffisant… J’ai appris à cette époque qu’en plus de tout ce que je faisais déjà, je devrais m’inquiéter de mes bras également. Ne serait-ce pas génial d’avoir une peau toute douce partout partout!??
Qui voudrait d’une femme poilue après tout? Les poils, c’est pour les hommes, c’est viril!
ENFIN ADULTE
18 ans!! Enfin adulte, je fais ce qu’il me plait!
J’ai vite appris que ce n’étais pas vraiment le cas… Un nouvel essai pour la jupe? Un véritable challenge de trouver cette jolie jupe, qui avantage mes jambes mais aussi assez longue pour que je puisse l’assumer! Après 8 essais, me voilà avec ma jupe et mes modestes talons à moitié fière d’oser montrer mes jambes et à moitié inquiète de cette épopée. Après une centaine de mètres, je me sens un peu plus à l’aise! OoOh on m’a remarqué « et Mademoiselle, tu sais que tu es jolie! Tu me donnerais pas ton numéro? » … suivi d’un « Sa** pu** Va Te f**** En**l** » … A chaque essai, cela se terminait par une insulte... 3 fois.. Puis 4… 5…10… J’ai vite appris que la jupe était encore et toujours un dilemme ! Pourquoi m’avoir insulté? Étais-je agressive?! Elle était peut-être trop courte cette jupe? Je n’aurais vraiment pas du la porter!! J’ai compris qu’on ne faisait pas vraiment comme il nous plaisait sans se faire insulter.
Ensuite j’ai appris qu’il existait de superbes produits pouvant cacher les imperfections de mon visage. On m’a appris à appliquer du « cache misère » sous les yeux et le visage pour un teint rayonnant; un panel de couleurs aux yeux pour faire ressortir mon regard et paraître plus âgée; et encore et toujours d’autres couleurs pour mes lèvres, mes pommettes et mes sourcils… pour finalement cacher ma réelle beauté. J’ai compris l’importance du maquillage grâce à un homme qui a fait partie de ma vie un moment. Il s’étonnait presque du peu de maquillage que je pouvais porter un jour, ce à quoi j’ai répondu « aujourd’hui je ne porte pas de maquillage, je repose un peu ma peau ». Il s’est empressé de me répondre d’un air surpris et presque méprisant « abon?!! une femme qui ne se maquillage pas est une femme négligée »…
Ne serait-ce pas génial d’avoir cette fille apprêtée sur hauts talons du réveil jusqu’au coucher, comme une poupée??!!
De plus, j’ai la chance d’avoir un choix vertigineux en matière d’habillement… on m’offre des collants ventre plat / anti culotte de cheval / jambes longues, des jeans moulants qui remontent les fesses, des soutiens-gorge rembourrés pour des seins plus volumineux, des hauts talons pour allonger les jambes, des soins à gogo pour une peau plus jeune ou plus bronzée… Tout ça pour transformer mon image, tout ça pour coller à cette image parfaite de femme pulpeuse, fine et extrêmement féminine.
J’ai forcé mon corps à maigrir, grossir, supporter ce tas de maquillage, accepter les douleurs pour rentrer dans ces chaussures… Je l’ai meurtri et je n’étais toujours pas satisfaite du résultat, alors je l’ai maudit…
Bien loin de ces stars de séries tv et ces couvertures de mode affichant leur féminité, respirant l’épanouissement et la liberté, à la fois pulpeuse et mince…
Apparemment à 19 ans, j’étais trop mince, pas assez de formes..
A 21 ans, j’étais un peu rondelette, pas la taille assez fine..
A 25 ans, j’avais une trop grosse poitrine..
A 28 ans,j’étais trop « dessinée » et avais trop perdu de poitrine..
Que faut-il donc pour satisfaire tout le monde??
Aujourd’hui je sais me préoccuper de moi-même en laissant de côté cette propagande de la féminité. Je m’accepte et ne fais que ce qu’il me fait du bien. Je me maquille très peu lorsque j’en porte et j’accepte mon reflet dans le miroir sans m’attarder sur mes soi disant défauts.
Il me reste encore du chemin à faire pour accepter mon image telle qu’elle est, malgré cette culture de la perfection à chaque coin de rue et à travers chaque conversation. J’ai eu envie de partager cela après maintes réflexions et conversations de femmes de mon entourage, ou de situations que nous pouvons encore subir à notre époque.
Quand je pense à toutes ces petites filles qui viennent de venir dans ce monde, je me demande ce qu’elles devront affronter uniquement pour accepter leur propre reflet. Nous pouvons les protéger tout simplement en s’acceptant soi-même et ainsi pouvoir leur apprendre comme on peut leur apprendre à dire bonjour et merci. Nous pouvons leur apprendre à chérir ce corps, qui sera leur meilleur soutien et ami jusqu’à leur dernier jour. Cette merveilleuse machine qui ne fait que changer et évoluer à travers les périodes de notre vie, s’adaptant constamment, pouvant soulever des montagnes. Le corps humain m’étonnera toujours. Il est notre plus grand confident, toujours prêt à nous soutenir, et il faut en être reconnaissant. A nous de prendre soin de lui 🙂
Pour terminer avec une touche d’humour, découvrez la vidéo de ces youtubeurs, que j’adore, relatant bien cette culture du n’importe quoi:
Le mot de la fin (!!!):
« ton corps. tes règles. Ne laisse pas la société te foutre en l’air! »
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